Dans un vibrant discours prononcé à l’occasion de ces commémorations, Michaël Jean a dénoncé, sans concession, les principaux responsables, exaltée, pleine d’émotion Haïti, ce pays qu’elle chérit. Pleine d’espoir, elle a exhorté le Gouvernement a continuer sur la voie du changement, rappelant, que « tous les êtres chers qui ont péri sous les décombres ou qui ont succombé plus tard à leurs blessures, nous demandent à grands cris de faire autrement et mieux. »
Extraits du discours de Michaëlle Jean, Envoyée spéciale de l'UNESCO :
« [...] Ce n’est pas le séisme qui les a tués, [...] C’est l’absence de normes et de lois régissant la construction, faute d’un État prévoyant décidé à user de toute son autorité, pour les faire respecter [...] C’est l’irresponsable laisser-faire, le désordre généralisé érigé en système.
[...] Faire autrement et mieux, pour honorer nos morts et surtout respecter les vivants, suppose que l’on s’attaque résolument, intelligemment aux facteurs de vulnérabilité persistants en Haïti.
La pauvreté non plus n’explique pas tout. Le chapelet des misères qui accablent la population haïtienne est dit et redit, il nous saute aux yeux, il nous heurte. Mais le mal le plus affligeant est le manque de coordination des efforts pour les combattre. La pagaille des projets qui pullulent dans le plus grand désordre sur le terrain, au nom de la bonne conscience et d’une solidarité mal ordonnée est devenue un véritable fonds de commerce. [...] L’assistanat est désormais une affaire, une aubaine pour plusieurs et elle génère des occasions de détournement et de corruption. La dépendance totale à l’aide internationale intériorisée jusqu’aux structures même de l’État est corrosive.
Et que dire des mentalités, sinon que là aussi, un travail profond est à entreprendre, pour l’amour d’Haïti. Tout ce chacun pour soi et pour son clan, cet égoïsme sans foi ni loi, n’ont de cesse de casser quotidiennement l’avenir de ce pays riche pourtant de tant de possibilités.
Pays de jeunesse. Pays d’une histoire si singulière. Pays vibrant de culture. Pays d’idées et de paroles lumineuses. Pays d’une terre maltraitée par l’érosion, là encore de main humaine, mais qui continue de donner avec abondance des fruits d’une exceptionnelle qualité, grâce aux gestes savants de petits cultivateurs sans moyens. Pays d’une beauté émouvante à découvrir. Pays aux côtes splendides, dans une mer poissonneuse, mais dont la ressource n’est ni exploitée, ni protégée. Pays d’une population accueillante gardienne d’une mémoire et d’un patrimoine dont l’Humanité ne peut se passer.
Où sont les raisons d’espérer? Dans un gouvernement qui agit sous la pression d’une obligation de résultats et qui en fait son credo, armé d’un plan de développement authentique, durable, équitable et décentralisé. L’espoir est aussi dans la résolution unanime de tout faire pour sortir de l’assistanat, pour attirer et favoriser des investissements dans plusieurs secteurs, en misant sur le dynamisme des collectivités locales, sur les capacités de faire, de produire, de créer, d’innover, de se réinventer de la société civile haïtienne incluant celles d’un secteur privé qui assumerait pleinement sa responsabilité sociale.
Je crois à tous les efforts conjugués visant la mise en place de conditions favorables à la génération d’emplois, la multiplication de petites et moyennes entreprises porteuses d’opportunités nouvelles vers de meilleures conditions de vie pour l’ensemble des Haïtiennes et des Haïtiens.
Que le président Michel Joseph Martelly, comme son prédécesseur René Garcia Préval, fasse de l’éducation un cheval de bataille et qu’il ait eu la brillante idée d’un dispositif qui permet de financer l’accès gratuit à l’école pour tous les enfants du pays est un signal encourageant.
[...] Faire autrement et mieux, en investissant dans la formation professionnelle, l’éducation de qualité de l’élémentaire jusqu’aux études supérieures, en appuyant le plan de reconstruction territoriale, institutionnelle, économique et sociale minutieusement élaboré par le gouvernement haïtien qui a un urgent besoin d’être recapitalisé pour réaliser ses politiques et atteindre les objectifs qu’il s’est fixés.
Il est insensé que de tous les engagements pris en faveur de la reconstruction d’Haïti, seulement 1% des fonds aient été versés pour renflouer les caisses de l’État haïtien et seulement 1% aient été distribués aux ONG haïtiennes. Ce non-sens, cette flagrante contradiction exigent que l’on réajuste le tir. Les solutions pour Haïti doivent se nourrir d’une perspective haïtienne que nous avons le devoir de valider dans un esprit de réciprocité, de partenariat et d’accomplissement.
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